lundi 7 janvier 2013

L’atome et le goupillon



Les protestants et les Catholiques sont séparés par un schisme.

Un schisme, c’est une histoire de famille, celle d’un gouffre qui la divise pour un temps qui peut durer jusqu’à l’infini, mais peut aussi se refermer si les circonstances sont là et si le temps se décide à le rendre sans objet.

J’ai moi l’intuition très forte que le 11 Septembre a tourné la page ouverte au XVIème dans l’histoire de la Chrétienté, et que la figure inversée de Ben Laden a déjà pris place sans qu’on n’ y prenne garde au côté des pères de l’Église.

Tout ça est très présomptueux de ma part, mais enfin, j’ai pour moi d’avoir été placé sur un terrain d’observation imprenable et d’avoir grandi au côté d’une grand-mère qui m’emmenait en pèlerinage à la Salette pendant que l’autre lisait la bible trois heures par jour et croyait si fort en ce que disait son pasteur pantecôtiste qu’il lui a suffit de répéter ce qu’elle entendait le dimanche pour faire immigrer sans le vouloir la moitié de ma famille paternelle aux Etats-Unis.

Mon cousin germain a débarqué en Floride à vingt ans, il est aujourd’hui un dirigeant local du parti Républicain ainsi que l‘une de ses plumes les plus droitières, et nous continuons à évoquer sur internet les choses qui nous séparent comme nous le faisions de vive voix bien avant l’explosion des twin towers.

Tout ça pour vous dire que j’ai vu les uns et les autres de près. Je sais dans les grandes lignes ce qui les opposaient avant et ce qui a selon moi cessé de le faire à tout jamais.

Dans mon enfance, les protestants de mon clan soulignaient qu’ils étaient nés catholiques pour expliquer qu’ils furent dans la nuit avant que d‘être Born again. Aujourd’hui, ils soulignent encore qu’ils sont nés chrétiens, mais pour s’en targuer et se réclamer d’une filiation. Les croisades qui évoquaient vaguement pour eux une affaire entre fils des ténèbres qui ne les concernait pas, ils s’en réclament désormais, et je crois que nous devons cette cicatrisation miraculeuse à Dieu, lequel s’est servi de Ben Laden comme d’un tison placé dans sa main gauche.

Je ne suis pas naïf au point de croire que plus rien ne divise les chrétiens, mais je pense que l’essence du schisme s’est déplacé, qu’il ne sépare plus Rome et Washington et pas d’avantage Rome des millions d’évangélistes qui essaiment du Groenland à Pékin. Les temps sont mûrs pour l’alliance de l’atome et du goupillon, et ces pauvres Mollah feraient presque pitié, quand ils prédisent la chute des infidèles. Si l’on ajoute que sa Sainteté Jean-Paul II nous a réconcilié avec nos frères aînées les Juifs, il apparaît clairement qu’en dépit de toutes les apparences, l’occident Judéo-chrétien est aujourd’hui monstrueusement fort.

Pareil à ce que les citoyens de Rome ne surent rien de la chute de Rome en son temps, la fin du schisme entre Catholiques et Protestants sera localisé plus tard, quand l’image des Bush père et fils agenouillés devant la dépouille de Jean-Paul II se trouvera dans les livres des écoliers.

Même en privé, et surtout en privé, Bush parle de Rome comme d’un rocher insubmersible. C’est un homme doté d’un sens de l’histoire comme il s’en voit deux ou trois par siècle, qui nous le dit.

Ce n’est pas rien.

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