jeudi 29 novembre 2012

« Ne serait-on pas vraiment tenté de croire que le caractère national d’un peuple dépend plus du sang dont il est sorti que des institutions politiques ou de la nature du pays ? Voilà des Français mêlés depuis quatre-vingts ans à une population anglaise; soumis aux lois de l’Angleterre, plus séparés de la mère patrie que s’ils habitaient aux antipodes. Eh bien ! Ce sont encore des Français trait pour trait; non pas seulement les vieux, mais tous, jusqu’au bambin qui fait tourner sa toupie. Comme nous, ils sont vifs, alertes, intelligents, railleurs, emportés, grands parleurs et fort difficiles à conduire quand leurs passions sont allumées. Ils sont guerriers par excellence et aiment le bruit plus que l’argent. A côté, et nés comme eux dans le pays, se trouvent des Anglais flegmatiques et logiciens comme aux bords de la Tamise; hommes à précédents, qui veulent qu’on établisse la majeure avant de songer à passer à la mineure; gens sages qui pensent que la guerre est le plus grand fléau de la race humaine, mais qui la feraient cependant aussi bien que d’autres, parce qu’ils ont calculé qu’il y a des choses plus difficiles à supporter que la mort. »


vendredi 23 novembre 2012

« L’art suprême est la région des Égaux. Le chef-d'œuvre est adéquat au chef-d'œuvre. Comme l'eau qui, chauffée à cent degrés, n'est plus capable d'augmentation calorique et ne peut s'élever plus haut, la pensée humaine atteint dans certains hommes sa complète intensité. Eschyle, Job, Phidias, Isaïe, saint Paul, Juvénal, Dante, Michel-Ange, Rabelais, Cervantès, Shakespeare, Rembrandt, Beethoven, quelques autres encore, marquent les cent degrés du génie. L'esprit humain a une cime. »

Hugo