mardi 10 janvier 2012

Moi je tire et je me débrouille

Merci à Nathalie Beffa pour la traduction et la trouvaille .

Moi je tire et je me débrouille

De David B. Kopel & Carlo Stagnaro




Quand être armés est un droit

Le fait emblématique de la Columbine High School


Préface de Paul H. Blackmann
Introduction

Notre première liberté

Paul H. Blackman


James Madison, le père de la Constitution américaine, défendit ledit document au cours d’une campagne pour la ratification de ce qui devint célèbre en tant que Federalist Papers. Madison expliquait que les américains ne devaient pas craindre la tyrannie du gouvernement central parce que le nombre de citoyens armés aurait été largement supérieur à celui des militaires. Il fit la nette distinction entre l’Amérique et les monarchies européennes en se basant sur le fait que dans le Vieux Continent « les gouvernements ont peur de mettre des armes dans les mains du peuple ».
Le même Madison, comme Blackstone le mit en évidence, était un interprète de la common law anglaise, qui défendait  le droit d’avoir des armes en qualité de « droit auxiliaire », essentiel à la défense des droits fondamentaux à la « sécurité, à la liberté et à la propriété privée ». D’après Blackstone ce droit auxiliaire à être armés avait comme but de « préserver le droit naturel à la résistance et à l’autoconservation », afin que, dès lors que d’autres droits auraient été violés, les citoyens auraient ainsi « le droit de posséder et d’utiliser les armes pour leur défense personnelle et l’autoconservation ».
Le père de la criminologie, Cesare Beccaria, exprima la même opinion dans un paragraphe qui se trouvait dans les citations préférées de Thomas Jefferson : « C’est une fausse idée d’utilité celle qui sacrifie mille avantages réels à cause d’un inconvénient ou d’un imaginaire ou à cause du peu de conséquences, qui enlèverait aux hommes le feu parce qu’il incendie et l’eau parce qu’elle noie, qui ne remédie pas au mal autre que par la destruction.  Les lois qui interdisent de porter des armes sont des lois de ce genre ; elles ne désarment que les non inclinés, ceux qui ne sont pas prédisposés aux délits tandis que ceux qui ont le courage de pouvoir violer les lois les plus sacrées de l’humanité et les plus importantes du code, comment pourraient-ils respecter les lois mineures et celles purement arbitraires et celles qui sont si faciles à contourner comme les contraventions et celles dont l’application exacte supprime la liberté personnelle, chère à l’homme, très chère au législateur illuminé et soumet les innocents à toutes les vexations des méchants ? Celles-ci empirent la condition des agressés et améliorent la condition des agresseurs, ne réduisent pas les homicides mais les augmentent parce qu’il est plus facile d’agresser des hommes désarmés que des hommes armés. Ces lois ne peuvent pas être appelées préventives mais peureuses des délits, elles naissent suite à une impression tumultueuse due à certains évènements particuliers et non à un raisonnement réfléchi sur les inconvénients et les avantages d’un décret universel ».
Attendu que les garanties fournies par la Constitution pour la sauvegarde des droits essentiels étaient jugées insuffisantes par beaucoup de personnes, le même Madison collabora à l’élaboration de la Bill of Rights, amendant ainsi la Constitution dans le but de reconnaître expressément, entre autre, le « droit de posséder et de porter des armes ». Tous les constitutionnalistes de l’époque et du XIX siècle furent unanimes et le retinrent un droit individuel.
Par exemple, le juge de la Cour Suprême de Justice , Joseph Story, un des plus importants juristes du siècle, expliqua : «  le droit des citoyens de posséder et de porter des armes est considéré à juste titre comme le rempart des libertés de cette république ; il constitue en fait un solide contrepoids aux usurpations et aux pouvoirs arbitraires des gouvernants ; et même si ces derniers auront en premier appel l’avantage, le peuple resterait dans la condition de résister et vaincre ».
Les changements qui se sont vérifiés durant les deux siècles après l’entrée en vigueur de la Bill of Rights ont confirmé les préoccupations de nos pères fondateurs.



L’Angleterre, notre patrie maternelle, où le droit d’être armés n’était qu’un privilège qui pouvait être limité au bon vouloir du gouvernement, a désarmé peu à peu les citoyens, les rendant dépendants du gouvernement pour la protection contre les criminels. Ainsi, tandis que les américains utilisaient les armes à feu plus de deux millions de fois par an pour se protéger des criminels, l’autodéfense – par n’importe quel moyen, y compris les parapluie –  la seule « prévention » (grâce à des couteaux ou des crochets) fut mise hors la loi en Grande Bretagne. Les voleurs anglais n’ont aucune peur de se faufiler dans les maisons pendant la présence de leurs habitants : ce genre de crime est beaucoup plus fréquent en Angleterre, au pair de sa population, qu’aux Etats-Unis.
Alors que, dans le cas d’une invasion, l’Amérique dépend de son propre peuple en matière d’armement, l’armée anglaise mal équipée au début de la Seconde Guerre Mondiale, fut obligée de demander les armes privées possédées par les citoyens américains afin de pouvoir organiser une espèce de garde nationale – un effort qui, sur le front non gouvernemental, fut soutenu aux USA par la National Rifle Association.
En même temps que les tentatives progressives de l’Europe et de l’Asie d’établir un monopole sur les armes à feu durant les deux derniers siècles, les guerres sont devenues de plus en plus mortelles, causant la mort de moins dix millions de personnes pendant le XVIII e siècle et de deux cent millions de personnes durant le XX e. En Europe les morts dues aux combats belliqueux entre gouvernements différents ou entre un gouvernement et les forces qui lui sont hostiles, de droite ou de gauche, ont largement dépassé les morts imputables à la violence entre personnes, alors que le numéro d’homicides avait en partie diminué en Europe et en Amérique pendant le XIX e et le XX e siècle.
Il n’est pas dit que désarmer les citoyens respectueux de la loi porte à la tyrannie et très souvent les efforts pour le désarmement ont été promus par ceux qui s’opposaient à l’arbitraire  du gouvernement. Mais le désarmement rend toutefois la tyrannie un objectif plus facile à conquérir. Ceux qui craignent la tyrannie en limitant le droit d’être armés facilitent la restriction d’autres droits civils – le droit de parole, de presse, de religion et de privacy – et compliquent la défense contre les individus et contre les gouvernements criminels. Bien au contraire, la possession diffuse d’armes à feu chez les civils a probablement accéléré l’écroulement de la tyrannie européenne la plus mortelle du XX e siècle, l’Union Soviétique. La possession privée d’armes a permis aux Afghans de résister le temps de recevoir de l’occident des armes défensives plus puissantes. Cette résistance a mis par la suite l’armée soviétique à dure épreuve, a contribué a pousser le communisme au collapsus et a aidé à donner une chance à la démocratie en Europe centrale et orientale. Seuls les hommes libres ont l’opportunité de choisir entre posséder des armes ou non.
Cette possibilité de choix aide aussi à garantir tous les autres droits. Sans accès aux armes, tous les droits ne sont que de simples privilèges, sujets aux restrictions établies au bon plaisir du gouvernement. Les privilèges peuvent être concédés et de même peuvent donc être retirés. Les gouvernements savent qu’ils ne pourront pratiquer aucune restriction aux autres droits s’ils sont conscients d’une éventuelle résistance. D’autre part, la même possibilité d’exercer une forme de résistance ici en Amérique a fait que jamais il n’y a eu la nécessité d’y faire appel.
La dépendance de tous les droits en partant de celui à être armés explique pourquoi l’actuel président de la National Rifle Association (NRA), Charlton Heston, parle de la liberté de posséder des armes (garantie par le second amendement de la Constitution américaine) comme de notre « première liberté ».



Les armes : faits et légendes

Carlo Stagnaro



Très souvent, quand on parle d’armes, le visage de notre interlocuteur s’assombrit et il nous remet en mémoire les massacres dans les écoles, qui, -- d’après lui et les journaux télévisés – seraient des faits courants aux États-Unis d’Amérique. Dans l’essai suivant, David Kopel, avec sa précision et sa bravoure habituelle, se consacrera au massacre de la Columbine High School, en mettant en lumière un fait qui ne saurait être de seconde importance : un contrôle plus sévère des armes n’aurait pas pu l’éviter. Le directeur des recherches de l’Independence Institute, par contre, soutiendra quand même qu’on aurait pu obtenir ce résultat par le biais d’une espèce de « prohibitionnisme total » : en enlevant de la circulation toutes les armes à feu. Les thèses en faveur d’un « prohibitionnisme partiel », toutefois, sont habituellement soutenues par les observateurs, convaincus que plus une société est armée, plus le risque d’agressions violentes au détriment de citoyens sans défense est grand. Mais encore : La possibilité d’obtenir une arme avec une certaine facilité serait en soi comme une espèce d’« invitation à la noce » pour les raptus de folie. Combien de fois avons-nous entendu exprimer l’ inquiétude de ce que « notre voisin » dans un moment de faiblesse mentale pourrait décider de commettre un massacre ?
Laissons les « voisins schizoïdes » aux psychologues et focalisons notre attention sur les armes, en nous posant deux questions nullement différentes.
En premier lieu, comment est-il plausible de soutenir l’une ou l’autre des thèses d’un point de vue moral ? En d’autres termes : En suivant la voie du droit et de la raison, devons nous être pour ou contre la libre circulation des armes ? deuxièmement : est-il possible de faire des évaluations empiriques  sur le lien qu’il y aurait entre les armes et la violence ? Est-il vrai au fond, qu’une société armée serait plus violente ou serait-ce plutôt le contraire ? Enfin : Le débat sur les armes est-il purement américain ou nous concerne-t-il tout autant ? Notre intérêt, donc, devrait-t-il être simplement culturel ou aussi politique ?
Pour un libéral, l’individu est la seule référence concrète des droits et des responsabilité. La société ou la communauté ne jouit d’aucune existence qui fasse abstraction des individus qui la composent. On en déduit que les droits collectifs n’existent pas et ne peuvent donc pas faire l’objet d’une enquête rationnelle, à moins de ne vouloir abandonner  la condition sur laquelle repose l’entière tradition libérale et libertarienne. Quand on réfléchit sur le problème de la sécurité et de l’ordre public il ne faut pas imaginer une société organique mais se concentrer sur l’individu.
Il faut donc se mettre en tête que les individus agissent rationnellement : Autant la grande majorité de personnes déterminées à cohabiter pacifiquement avec les autres que les criminels qui ont décider de vivre à leurs dépens comme des parasites. J’insiste sur l’hypothèse de la rationalité humaine, il y a ensuite le cas du « raptus de folie » que j’ai déjà évoqué, qui est toutefois un évènement rare et exceptionnel : et qui donc, ne pèse pas de manière significative sur le « taux de violence » dans un lieu à un moment précis.  D’autre part, l’expérience confirme la raison de cette hypothèse. Bien peu de nous ont assisté, directement ou par « personnes interposées » à des scènes de folies homicides, mais nous tous avons été agressés ou connaissons au moins un parent ou ami qui l’a été : pour être volés ou pire pour subir une certaine forme de violence gratuite.
Les criminels sont des personnes qui tirent leur profit en agressant les droits d’autrui. Typiquement, du droit à la propriété privée : par le biais des vols et des impostures.



Parfois, il arrive que des criminels particulièrement privés de scrupules, se trouvant dans une situation plus compliquée que de coutume, décident de commettre un homicide ou un autre acte de violence. Dans de plus rares cas, la violence ou l’homicide sont même gratuits. Une personne au tempérament mauvais qui nourrit des ressentiments particuliers envers une autre personne peut être disposée à blesser gravement ou à tuer le propre antagoniste rien que par mépris. Un amant éconduit ou un maniaque sexuel peut décider d’avoir un rapport avec une fille, une femme ou un enfant même contre sa volonté, et ainsi de suite.
Devant une agression, presque tous sont disposés à admettre le juste droit de la victime à réagir avec tous les moyens proportionnels au danger. Supposons (et ce n’est pas une supposition « écolière » attendu que dans la plus grande partie des cas, la situation est celle-ci) que la victime soit une personne pour la quelle il soit particulièrement difficile de se défendre. Qu’il s’agisse par exemple, d’un handicapé, d’une personne âgée, d’une femme. En règle générale l’agresseur aura bon jeu : il lui suffira de menacer de violence ou de renouveler la violence pour obtenir ce qu’il veut. Il est évident que l’autodéfense à mains nues ne soit pas la voie la plus adaptée à moins de n’être des catcheurs ou des athlètes aux muscles bien développés. Malheureusement pas tous ont la chance de cette condition.
Au contraire, une personne armée a d’autant plus la possibilité de se défendre. Mais encore : le fait que la victime puisse être armée a un effet dissuasif sur l’agresseur. En dernier, en absence de moyens de défense efficaces, en général, la victime est celle qui subit les blessures les plus graves, si celle-ci avait été armée il serait probable qu’il arriverait le contraire. Peut-être qu’éviter de blesser ou de tuer un criminel soit d’importance vitale pour un politicien ou un académicien. Mais il n’en est pas ainsi pour les « gens de la rue » : le commerçant ou le retraité, souvent l’objet d’agressions,  ils donnent une bien différente valeur à leur propre vie et à celle de qui voudrait les priver de leurs biens.
Les chiffres, d’autre part, semblent confirmer cette thèse : selon les données du Département de Justice américain, le risque de blessure pendant une agression pour une femme qui n’oppose aucune résistance est de 2,5 fois supérieur que dans le cas d’une résistance armée ; la résistance sans armes est 4 fois plus dangereuse que dans le cas d’une résistance avec des armes. Pour un homme, les deux rapports assument respectivement des valeurs de 1,4 et de 1,5. En outre, les sondages sont d’accord pour affirmer que dans 98% des cas il est suffisant que la victime d’une agression brandisse une arme pour que l’agresseur renonce à son intention. Ceci signifie que l’agresseur fasse chou blanc dans 98% des agressions contre des hommes armés, et que, et ceci est le plus important, il n’y a aucun épanchement de sang. Il est inutile de se demander quel serait le pourcentage dans le cas où la victime aurait été désarmée.
De même, la simple possibilité qu’il y ait des armes dans une maison, diminue notablement les risques que ses habitants courent de jour comme de nuit. Au Canada comme en Grande Bretagne où la réglementation des armes est très contraignante, plus de la moitié des vols avec effraction surviennent pendant la présence des propriétaires qui donc, courent un danger sérieux. Par contre aux États-Unis le pourcentage de hot burglaries (ce genre de crime est défini ainsi) n’est que de 13%. Un sondage qui a été mené dans les prisons américaines auprès de détenus a mis en évidence que ces derniers dans l’exercice de leurs fonctions, ont beaucoup plus peur des citoyens armés que de la police. Justement, la police, le véritable coupable de ce procès imaginaire au contrôle des armes. Pourquoi ne pas se fier à ses agents et leur assigner le devoir de nous protéger des agressions ? Les réponses sont nombreuses. En tout premier, les policiers ne sont ni infinis ni jouissent du don d’ubiquité. Il est plutôt improbable qu’un membre des forces de l’ordre se trouve « au bon moment au bon endroit ». En outre, comme l’expliquera aussi Kopel, un agent est forcément peu motivé à risquer sa propre vie ou même seulement de se blesser pour secourir un citoyen. On ne peut même pas le critiquer pour cela : ils sont généralement payés très peu alors pourquoi devraient-ils mettre en péril leur propre avenir et peut-être aussi celui de leur propre famille ? Ceci est une raison tout à fait rationnelle et compréhensible même si elle n’est pas justifiable, qui a poussé les tuteurs de l’ordre à abandonner certaines zones, souvent métropolitaines, particulièrement « sensibles ».





Reste à souligner que selon une enquête menée dans l’État de New York, il a été prouvé qu’à peu près 81% des « bons samaritains » étaient en possession d’une arme à feu. Est-ce une couardise de la part des citoyens désarmés ? Est-ce un manque de courage viril ? Peut-être. Si les probabilités de réussir sont plus élevées il est plus facile qu’un passant interviennent en aide à une personne agressée. Le fait qu’à Chicago les civils armés aient tué pour des raisons valables trois fois plus de criminels que la police en est la confirmation. En général, les civils armés ont tué, capturé, blessé ou du moins éloigné les agresseurs dans 75% des cas de violence contre les 61% de la police.
Tout cela, en fin de compte, semble aider à confirmer empiriquement l’idée morale qu’il soit juste de soutenir la libre diffusion des armes. Et ainsi, en fait, l’empêcher signifierait de facto intervenir de manière coercitive sur le droit à la propriété privée. Une arme est un objet comme un autre. Elle n’est en soi et par soi ni bonne ni mauvaise. Tout dépend de l’usage qu’on en fait. Un pistolet n’est pas plus dangereux qu’un couteau, ni plus nocif qu’un tableau accroché au salon. Admettre que la propriété privée est un droit naturel (et donc antérieur et de rang supérieur à n’importe quelle forme de droit positif décidé par les gouvernements) veut dire déclarer explicitement illégitime toute limitation ou négation de celle-ci. Y compris la limitation ou la négation de posséder des armes. À cela il faut ajouter que le droit à être propriétaire de n’importe quel objet et le droit à la vie et à la liberté implique, et ils ne peuvent le faire, le droit à se défendre soi même, ses êtres chers et ses propres biens. Les armes sont une garantie de pouvoir exercer ce droit de la manière la plus efficace. Elles doivent donc être défendues comme de droit et en toute raison. Il est aussi complètement utopique d’affirmer qu’à la promulgation d’une loi sur le contrôle des armes, les criminels (c'est-à-dire ceux qui vivent dans le refus des lois) la respecteront.
On pourra objecter : tout de même, cela ne signifie pas que les armes ne rendent pas la société moins violente, bien au contraire. On a simplement démontré qu’elles permettent aux victimes de sortir indemnes d’une agression. Malgré cela, nous n’avons pas fait cas du nombre des agressions. Nous n’avons pas dit qu’en absence d’armes, peut-être il y aurait eu un plus grand nombre de vols, mais que nous aurions assisté à moins de blessés ou de tués : tant soit du côté des agresseurs que du côté des victimes. Il est alors nécessaire de dénicher des statistiques qui mettent en relation le nombre d’armes avec le nombre de crimes violents et surtout avec le nombre d’homicides (intentionnels, non intentionnels ou par légitime défense).
Commençons par la réfutation empirique d’un des mythes les plus étendus de la rhétorique anti-gun :  que les personnes ne soient pas capables de manipuler correctement les armes à feu. Aux États-Unis, de 1965 à aujourd’hui le nombre d’armes à feu en circulation est monté d’à peu près 90 millions à plus de 200 millions. Par contre, le nombre d’accidents dus à un usage incorrect est descendu de presque 2.500 à moins de 1.500 l’année. Tout cela sans tenir compte de la croissance démographique qui, si les inquiétudes des liberal avaient été fondées, aurait du produire d’épouvantables catastrophes. La leçon qu’on devrait tirer des ces données est qu’il n’y a aucune relation (dans la pire des hypothèses) entre le numéro des armes en circulation et leur usage impropre.
En Amérique, un nombre compris entre 60 et 65 millions de citoyens possèdent plus de 200 millions d’armes à feu (dont 60-65 millions de pistolets). Les armes pour la défense personnelle sont aux alentours de 11 % du total (du 13% d’entre les pistolets). Moins de 0,2% du total des armes (0,4% des pistolets) sert à des fins criminelles, alors que chaque année elles sont utilisées par environ 645.000 personnes (environ 1% des détenteurs d’armes, de pair avec le 0,35% des armes en circulation). Trois faits sont évidents à première vue : que la majeure partie des détenteurs d’armes (99,8%) sont des personnes honnêtes ; que les armes à feu ne sont utilisées qu’à des fins légitimes presque le double des fois où elles sont utilisées à des fins criminelles ; et enfin, le plus important d’entre tous, il n’y a aucun lien entre posséder une arme et l’utiliser (le 99,45% des armes en circulation ne servira même pas une seule fois).



De 1900 à 1990 le nombre des homicides en Amérique a considérément augmenté. Au début du siècle il était d’environ 1 sur 100.000 habitants par année (à partir d’ici, toutes les données sur les homicides, s’entendent par chaque année et sont référées à 100.000 de la population du territoire concerné). À l’époque il n’y avait aucun type de réglementation. Sauf dans des cas exceptionnels, partout aux Etats-Unis  quiconque pouvait acheter n’importe quelle arme à feu. À partir de là aux années 30 les homicides ont augmenté de manière exponentielle, effleurant le chiffre considérable de 10 sur 100.000 habitants. Presque tous les studieux sont d’accord sur le fait que cette croissance coïncide « curieusement » avec l’immigration massive depuis l’Europe et l’urbanisation qui s’en suivit.
En 1933 le prohibitionnisme fut abolit. À partir de cette année jusqu’en 1958 les homicides ont diminué de la moitié. Durant cette période historique il était encore possible d’acheter des armes à feu sans aucun genre de limitation. Il faut tenir compte du fait, qu’après la deuxième Guerre Mondiale, dix millions de soldats sont rentrés chez eux en conservant toutefois un nombre élevé d’armes. Durant ces années là on observa le taux de violence le plus bas depuis 1815. Malheureusement, ce fut justement dans cette situation d’apparente tranquillité que se vérifièrent deux faits politiques d’une incroyable importance. D’une part on commença à présager les premières lueurs de l’improductivité et la plutôt néfaste « guerre à la drogue » – une sorte de réédition du vieux prohibitionnisme. D’autre part, en 1968 on approuva le Gun Control Act, le premier embryon de loi contre les armes. À tout cela on peut ajouter une seconde ondée d’immigrants. Il n’est pas étonnant, à la lumière de ces faits, de découvrir que dès lors à aujourd’hui les homicides aient augmenté presque sans trêve.
Il est aussi très important d’examiner la distribution des homicides non seulement dans leur évolution dans le temps mais aussi à un certain moment. Il parait raisonnable par exemple, de comparer les États qui imposent des réglementations onéreuses avec ceux qui, par contre laissent une plus grande liberté. Malgré la mise en vigueur de normes fédérales, en fait, les états ont un grand pouvoir et peuvent de ce fait, exercer des politiques différentes les uns des autres. Les trois états avec les lois les plus restrictives sont (entre parenthèses le nombre d’homicides enregistrés en 1991, pour 100.000 habitants) : Californie (12,7) ; Illinois (11,3) ; Maryland (11,7). Les états avec des lois plus tolérantes : Idaho (1,8) ; Iowa (2,0) Maine (1,2).
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, enfin, les armes sont très en bas de la liste des « causes de mort » en Amérique. En référence à 1991, par exemple, avec moins de 33.000 victimes elles occupent la 15e place, tout de suite après le diabète et les accidents de la route (12e e 11e cause de mort) et bien après le tabac et l’alcool (troisième et cinquième). Si en outre on pense qu’en Amérique chaque année 30.000 personnes se suicident , 60%,  desquels (18.000) utilisent une arme à feu. Il n’y a aucun motif qui laisserait croire qu’elles ne se seraient pas suicidées en absence d’un pistolet ou d’un fusil. Les morts attribuables directement aux armes à feu, se réduisent, donc, de ce fait, à 15.000, descendant encore bien plus bas dans l’échelle de ce classement particulier. Dans ces chiffres sont inclus les homicides « légitimes » commis par la police ou par des citoyens en légitime défense. Malheureusement une telle donnée n’est pas disponible. Nous savons toutefois qu’en la sommant aux homicides non légitimes, et en l’épurant des cas dans lesquels les armes à feu ne sont pas utilisées, elle rejoint la somme d’environ 13.500. Supposons que 50 % des ces homicides auraient été évitables (estime exagérée). Rappelons-nous que 1.500 personnes par année meurent à cause d’incidents dus à la manipulation d’armes à feu, en supposant que toutes ces morts soient directement attribuables à la libre circulation des armes (hypothèse absurde), on en conclut que 8.500 personnes meurent chaque année par la faute des armes. Tout cela dans un pays avec plus de 270 millions d’habitants, dans lequel chaque année, les erreurs médicales sont à l’origine de plus de 90.000 décès et les accidents de la route de près de 50.000 trépas. Est-ce un motif pour interdire les automobiles et pour fermer les hôpitaux ?


Une étude menée par la Wisconsin University en automne 1975 est arrivée à la conclusion que « les lois sur le contrôle des armes n’ont aucun effet individuel ou collectif sur la réduction du nombre de crimes violents ». Elle a mis en évidence qu’il n’y avait aucune corrélation entre le numéro de possesseurs d’une arme à feu et celui des homicides. Une seconde enquête effectuée en Grande Bretagne par la Cambridge University en 1971 ha démontré que le nombre d’homicides commis dans ce pays a même doublé durant les quinze années qui ont suivi l’interdiction des armes. Le résultat d’une recherche analogue à la Harward University, selon laquelle, en 1975 l’interdiction des armes à feu (décidée dans le Massachusetts en 1974) aurait fait descendre le numéro des agressions par armes à feu, pourrait presque sembler contradictoire. Mais la diminution de la violence ne correspond pas à ces données, bien au contraire : se trouvant dans une situation déterminée, les citoyens agressés ont tenté de se défendre en recourant à des moyens encore plus sanglants ou dangereux, comme des couteaux, des marteaux, etc.
Tout cela, en fait, ne contribue qu’à renforcer en nous l’idée que les lois sur le port d’armes ont encore moins d’effets sur la réduction du crime. Au contraire, il est bien plus probable, même si c’est incertain et reste quand même difficile à prouver, que les criminels, craignant pour leur propre vie, y penserait à deux fois avant de mettre leurs plans à exécution. À l’opposé, désarmer les citoyens honnêtes les mets dans une condition d’infériorité objective, ce qui est exactement ce à quoi aspirent les délinquants.
Il est tout aussi indispensable d’évaluer attentivement comment et à qui s’appliquent de telles lois. Sûrement pas à ceux qui appartiennent à des classes sociales particulièrement élevées : ceux-ci, en fait, en ayant les moyens, préfèrent d’habitude dépenser leur argent en de coûteux systèmes antivols ou en services de vigiles privées ou des gardes attitrés (que personne fort heureusement ne songe à désarmer). Une enquête faite aux Etats-Unis en 1975 indique clairement que le plus grand nombre de détenteurs d’armes à feu à titre purement défensif est composé de noirs, de personnes appartenant à des milieux sociaux bas et de retraités. Ce sont ces derniers qui font massivement les frais des lois contre les armes : les bénéficiaires de l’assistance sociale, les pensionnés et les commerçants des zones à « risques » auxquels les compagnies d’assurances refusent de stipuler des contrats.
Les « chiffres » dans toute leur froideur , donc, semblent confirmer ce que notre sens moral nous suggère. Les armes sont la garantie nécessaire pour tous ceux qui n’ont aucune intention de renoncer aux propres droits à la vie, à la liberté et à la propriété. De plus : dans des conditions particulières, ces mêmes droits peuvent même devenir des devoirs moraux. Pour un père c’est un devoir moral que de défendre à tout prix la vie de ses propres enfants. Pour un frère c’est un devoir moral que de défendre à tout prix la propre sœur. Pour un mari ou un fiancé c’est un devoir moral que de défendre à tout prix la propre épouse ou fiancée.
Tout cela ne fait certes pas partie des « intérêts » des tant démonisés producteurs d’armes mais enfonce ses propres racines dans notre moralité la plus profonde. Très souvent, les opposants aux armes font appel à notre bon sens, prétendant que chacun de nous admette l’existence d’une équivalence, ou du moins d’un rapport étroit de cause à effet entre les armes et la violence. Une telle équation est dénuée de tout fondement : que ce soit en écoutant la voix de notre rationalité, soit en  tenant compte des données que l’expérience nous fournit. Il y a éventuellement une étroite correspondance entre l’absence d’armes et le crime. Les armes, dans la pire des hypothèses ne contribuent pas à faire diminuer la violence : mais certainement et c’est un fait, elles ne sont pas la cause de sa fantomatique augmentation très souvent brandie (sans aucun chiffre à l’appui) par les adversaires du droit à la légitime défense. Ceci donne à réfléchir sur l’alignement moral de ceux qui, de droite comme de gauche, s’efforcent de nous expliquer que les armes représentent en soi un danger.
En tenant compte du fait que ces derniers soient en mesure d’utiliser leur propre rationalité, il faut se demander ce qui les pousse à défendre une position qui est à l’opposé de ce que nous suggère la raison et que l’expérience nous confirme. Nous ne voulons pas croire qu’il s’agisse de mauvaise foi. Nous ne voulons pas moins croire que ce soit le désir de contrôler leur prochain par le biais du monopole de la force publique, qui en soustrayant les armes aux civils gagne un pouvoir et un arbitre aux dimensions immenses. Ceux-ci, en parfaite bonne foi, pensent que les hommes ne soient pas en mesure d’agir rationnellement.


 
Ils pensent que les hommes doivent être défendus même ou surtout contre eux-mêmes. La peur de l’« explosion de la folie » du propre voisin est alors, une peur essentiellement de soi-même. Ils ne se rendent pas compte que, en admettant qu’un tel raisonnement soit correct, suivre la voie du gun control signifie seulement de donner un pouvoir absolu à des personnes qui, dans la meilleure des hypothèses peuvent devenir fous au même titre que tous les autres. Dans la meilleure des hypothèses, parce que, comme la sanglante histoire de notre siècle nous le démontre avec presque trop d’éloquence, si l’occasion fait le larron, l’état fait de l’homme un assassin.
La constatation que tous les régimes tyranniques de notre siècle ont instauré dès leur arrivée, des formes poussées de contrôle sur les armes en est la preuve. L’Union Soviétique a approuvé le contrôle des armes en 1929. De 1929 à 1953, environ 20 millions de dissidents politiques, incapables de se défendre ont été tués. La Turquie l’a fait en 1911 et de 1915 à 1917 un million et demi d’Arméniens, incapables de se défendre ont été exterminés. La Chine a promulgué des lois contre la libre circulation des armes à feu en 1935 et de 1948 à 1976 vingt millions d’anticommunistes, chrétiens, dissidents politiques et groupes réformistes, incapables de se défendre, ont été exterminés. L’Allemagne l’a fait en 1938 et de 1939 à 1945 treize millions de juifs, de tsiganes, de malades mentaux et d’autres « peuples impurs » ont été exterminés. Le Guatemala a fait la même chose en 1964 et de 1964 à 1981 un million d’indiens Maya, incapables de se défendre, ont été tués. L’Uganda a établi le gun control en 1970, et de 1971 à 1979 trois cent mille chrétiens, incapables de se défendre, ont été exterminés. Le Cambodge l’a fait en 1956, et de 1975 à 1977 un million de « bourgeois » et d’intellectuels ont été exterminés. Cela fait en tout plus de cinquante cinq millions de personnes innocentes massacrées par leurs propres gouvernements : qui pour ce faire ont d’abord mis hors défense leurs propres citoyens en confisquant ou défendant les armes à feu. Un chiffre infiniment supérieur à toutes ces morts dues à un usage « civil » (accidentel, prémédité, légitime ou illégitime) des armes à feu.
Même en imaginant que le nombre de morts par armes à feu aux Etats-Unis ait été uniforme dans le cours des trois derniers siècles, et en arrondissant excessivement (projection absolument absurde et infiniment plus grande que la donnée réelle) on n’arriverait jamais au chiffre de dix millions de morts (33.000 morts par année pendant 300 ans).
Le débat sur les armes, alors, n’est pas moins important ou moins fondé dans notre pays qu’ailleurs, bien au contraire. L’Italie a derrière elle une tradition de sujétion culturelle et politique et un passé dans lequel les tyrans n’ont pas manqué. Les peuples qui l’habitent, donc, doivent se réveiller de la torpeur qui les a enveloppés pendant au moins deux siècles, et a permis que d’une façon ou d’une autre, ils se soient laissés soumettre par l’histoire. Les individus qui, dans ce pays comme dans d’autres, luttent, souffrent, vivent et espèrent, ont et doivent avoir le droit à l’autodéfense. Droit qui de ce fait ne peut être exercé sans les instruments nécessaires adaptés.
Ceci est probablement la raison pour laquelle il est si difficile de se mettre autour d’une table pour avoir un débat sérieux dans notre pays. Les politiciens sont trop écrasés par leurs catégories, de dérivés plutôt socialistes, pour se rendre compte de l’importance de la question. Les journalistes ont été formés par une école qui les a apprivoisés à écrire sur la base de lieux communs et de sensations plutôt que sur des données concrètes et des arguments rationnels. Il suffit de prendre l’exemple de l’un des plus grands journaux italiens qui récemment prétendait en première page, qu’aux Etats-Unis 12 enfants par jour mouraient à cause des armes à feu. Donnée manifestement fausse, vu que durant l’année la plus déplorable, 1979,  les victimes de moins de 14 ans furent au nombre de 364, moins d’un dixième des presque 4.500 « annoncés » par ce journal. Mais encore, ce chiffre a diminué, de cette date à aujourd’hui, de 35%, la dernière donnée en notre possession étant celle de 1990 (236 enfants à cause d’armes à feu). En général, les armes à feu causent la mort d’enfants dans 2,9% des cas et leurs blessures dans 3,8% des cas. Comme on peut le constater, il s’agit de pourcentages beaucoup plus réduits de ceux qui sont habituellement divulgués ou utilisés par les « je sais tout » de notre presse locale.
Malgré toutes ces difficultés objectives, il existe encore chez nous, un étroit réseau de passionnés d’armes et de partisans inconscients du second amendement (qui aux USA garantit le droit à posséder et porter des armes). D’après les sondages et l’expérience commune, ils ne sont pas facilement classables d’un point de vue politique, et ceci rend leur tâche ardue afin d’obtenir un certain poids dans le cadre d’une prise de position. Du moins, leur caractère de « formation transversale » peut être un grand point de force s’ils se décident à « créer une lobby ». Leur nombre et en conséquence, leur poids électoral serait consistant, surtout dans certaines zones de la péninsule (en particulier dans le Nord et en Toscane). S’ils profitaient des nombreuses revues et associations qui les lient, ils réussiraient d’une certaine façon à faire entendre leur propre voix et peut-être à faire évoluer les choses. La leur est après tout un grand marché politique.


Le but de ce livre, alors, veut être une aide aux chasseurs, aux détenteurs d’armes, passionnés, sportifs, et en général aux défenseurs des droits civils à prendre conscience de la propre importance. Ils doivent comprendre que tous ceux qui se sentent plus tranquilles chez eux en ayant une arme à feu auprès de soi et défendent le droit à les obtenir plus facilement, ne sont pas une race inférieure. Il est faux de prétendre qu’il s’agisse de lâches ou de grossiers barbares. Nous laissons à la brillante prose de David Kopel le soin de détruire un mythe assez persistant dans la mentalité commune : celui dans lequel on prétend, que là où il est plus facile d’obtenir des armes, les tueries dans les écoles, si souvent citées par les adversaires du droit à se défendre soi même, ses propres biens et sa propre famille, soient des faits courants. Que cette mauvaise habitude soit le fruit de la facilité relative avec laquelle les armes circulent. L’érudit américain montrera aussi avec des arguments rationnels irréfutables que n’importe quelle forme de contrôle sur les armes serait inefficace si pas dommageable : à moins d’une prohibition totale, ce que la raison et le bon sens déconseille pour bon nombre d’autres motifs.
Au cours de cet écrit, par contre, nous avons tenté de mettre en lumière l’importance du droit à posséder et porter des armes,  par le biais de données statistiques et de considérations morales. Un droit qui, selon la plus saine et la plus cohérentes des traditions libérales prend ses racines dans le droit sacré à la vie, à la liberté et à la propriété privée. Trois aspects de la vie humaine qui, sous sa propre tutelle et sa garantie requièrent le corollaire de l’autodéfense. Les détenteurs d’armes ont eux aussi, après tout, leur orgueil et leur dignité. Ils ont eux aussi un cœur et un cerveau. Ce qui manque est le courage et la volonté de mettre sur la table leurs propres bonnes raisons et la conscience d’être les seuls et authentiques défenseurs de la liberté et du droit. Ils doivent se réapproprier ce qu’ils ont délégué avec trop de légèreté aux serviteurs de l’état : le devoir crucial de rendre la vie dure aux criminels et aux tyrans. L’heure est arrivée ou revenue, que chacun dans un élan de sain égoïsme, se reprennent à cœur le devoir de se défendre soi-même, ses propres êtres chers et les propres propriétés légitimes.


Et si nous avions pris la Columbine au sérieux ?

David B. Kopel


Le désastre de la Columbine High School de Littleton, Colorado est toujours encore une source d’obsessions pour la politique, comme l’a démontré la frénésie de l’exploitation de son anniversaire. Vous vous le rappellerez sûrement, ce jour là, deux étudiants ont tué un enseignant et douze compagnons de classe et blessé vingt trois autres. Toutefois, la vraie leçon que nous devrions tirer de la Columbine est que trop peu de personnes se préoccupent tant soit peu des évènements du 20 avril 1999 pour tenter d’éviter que l’épisode puisse se reproduire. On braille des propositions manifestement inefficaces (plus de police dans les écoles, restrictions sur la vente des armes), alors que l’on ignore totalement les propositions qui pourraient vraiment faire toute la différence (interdire toutes les armes ou armer les enseignants). Le fait que l’année qui a suivi la Columbine ait été gâchée en débats insignifiants et grossiers plutôt que de s’employer dans la recherche de propositions sérieuses pour sauver des vie est un signal de la dégénération de notre culture politique. Essayons donc d’évaluer des mesures plus efficaces afin d’empêcher dans un futur une autre Columbine.
Au moment de l’attaque, la Columbine High School avait un « fonctionnaire des ressources scolaires » employé à plein temps qui était un délégué du shérif. Le fonctionnaire affronta les deux assassins pendant une brève fusillade tout au début de leur accès de folie tout près de l’entrée. Ni le délégué ni les meurtriers ne réussirent à toucher quelqu’un mortellement. Le délégué resta en dehors de l’édifice pour s’occuper d’un étudiant blessé. Sa brève intervention armée a probablement sauvé deux vies en détournant l’attention de l’un des deux assassins d’un étudiant et d’un enseignant qui allaient être tués. En outre, la fusillade donna un peu sursis à d’autres étudiants pour s’échapper à l’intérieur de l’édifice.
S’étant libérés le chemin  à coups de feu contre le garde, les assassins entrèrent dans la Columbine High Shool et se mirent à chercher d’autres personnes à tuer. Même si des fonctionnaires de police, des délégués du shérif et des membres d’escadrons spéciaux ont commencé à arriver, personne n’entra dans l’édifice pendant 20 minutes.
Les assassins (nous omettons leurs noms afin de leur nier la petite part de gloire qu’ils désiraient) avaient projeté de faire exploser des bombes à l’intérieur de la bâtisse et d’ensuite tuer à coups de pistolet les survivants en fuite. Le plan était probablement un dérivé de la fusillade du lycée de Jonesboro, Arkansas, du 24 mars 1998, quand deux garçons ont désactivé l’alarme anti-incendie pour ensuite tirer sur un enseignant et le tuer ainsi que quatre étudiants qui ont tenté de s’échapper. Attendu que les bombes échouèrent, les assassins de la Columbine commencèrent à tirer sur les étudiants face à face, surtout dans la bibliothèque, toute proche de l’entrée où ils avaient affronté le délégué. La professeur Pati Nielson se trouvait à la bibliothèque avec d’autres étudiants. Elle appela sur le champs la police avec le téléphone de la bibliothèque. Elle suivit leurs instructions en gardant les étudiants à l’intérieur en attendant l’arrivée des agents. Ceci se transforma en sentence de mort pour dix étudiants. Les meurtriers entrèrent dans la bibliothèque, commencèrent à narguer leurs compagnons, pour les tuer ensuite un à un. La réceptionniste de la police pouvait tout entendre au travers du téléphone qui était resté en communication.
La Columbine High School se trouve sur un terrain en pente de telle sorte que la bibliothèque était accessible depuis le sol même si elle se trouvait au deuxième étage. La porte de la bibliothèque s’ouvre sur un couloir et n’est qu’à une quinzaine de pas d’une porte de sortie. Une douzaine de fonctionnaires de police étaient plantés auprès de cette sortie, tandis qu’un meurtre après l’autre se consumait à l’intérieur de la bibliothèque. Ces fonctionnaires ne firent aucune tentative pour entrer dans l’édifice, faire quinze pas afin d’affronter les assassins qui étaient en train de tuer tranquillement leurs propres compagnons de classe. Selon les dire d’un agent qui a tenu à rester anonyme, un membre de l’escadron spécial de Denver voulu entrer ma il fut immédiatement « rappelé » par ses supérieurs.
Vingt minutes après le début de la folie, trois membres des escadrons spéciaux furent enfin envoyés dans l’édifice – au premier étage. Ayant rencontré des étudiants qui étaient en train de s’échapper ils jugèrent plus utile de les escorter plutôt que de dénicher les assassins. Ceci fut le début du projet de la police afin  d’« encercler le périmètre ». Les agents entrèrent de classe en classe pour perquisitionner les étudiants, fouiller dans les armoires et conduire les jeunes en dehors du bâtiment. Le but était de vérifier que les garçons armés n’étaient que de deux et d’empêcher que l’un des assassins n’ait pu se mélanger aux autres étudiants.
Le programme d’encerclement du périmètre commença au premier étage, dans l’aile de l’édifice la plus éloignée de la bibliothèque ou se déroulait la tragédie. Enfin, les deux assassins s’ennuyèrent des homicides dans la bibliothèque et descendirent à la cantine à l’étage inférieur. Les enregistrements fait par une vidéo de surveillance montrent l’ébranlement des deux garçons à cause de l’échec de leur plan de tuer des centaines de personnes.
Non loin de là, un bon nombre d’étudiants s’étaient cachés dans une salle avec la porte fermée à clef. Les deux assassins tentèrent de tirer dans la serrure pour entrer afin de pouvoir faire d’autres victimes. Les étudiants avaient appelé la police et la ligne était encore active : la position des assassins était donc, encore une fois, connue. Beaucoup de fonctionnaires de police étaient rassemblés près de la porte de la cantine. Ils savaient tous où se trouvaient les assassins. Ils savaient que les assassins étaient en train d’essayer d’entrer dans une classe pour tuer d’autres innocents. Ils restèrent tous sans bouger.
Ne réussissant pas à pénétrer dans la salle à côté de la cantine, les assassins retournèrent dans la bibliothèque à l’étage supérieur. Les étudiants s’y trouvaient encore, certains étaient morts, d’autres blessés, à attendre l’arrivée de la police. Mais au lieu de reprendre leur démente activité, les deux assassins se tuèrent.
Pendant ce temps, la police poursuivait son opération d’« encerclement du périmètre » une salle après l’autre, opérant dans une aile de l’édifice dans laquelle les assassins ne se trouvaient pas. Ils mirent des heures avant d’entrer dans la bibliothèque. Le professeur de sciences Dave Sanders mourut en perdant tout son sang dans une autre salle du deuxième étage. Une action plus rapide aurait pu le sauver – exactement comme tous les étudiants blessés qui reçurent immédiatement l’assistance médicale nécessaire.
Les voies d’informations nationales ont ignoré l’inactivité de la police. Les médias du Colorado ont royalement ensablé chaque aspect de l’évènement. Pendant des semaines la Columbine a été le centre d’attentions des télévisions locales et des plus importants journaux de l’état, le Denver Post et le Rocky Mountain News. Mais, à l’exception des présentateurs Dan Caplis et Mike Rosen de la radio KOA, personne n’a parlé de la précaution mortelle et exagérée de la police. Il y a eu en partie une louable hésitation de la part de la presse à ne pas vouloir reverser la faute sur quelqu’un d’autre que les deux assassins. D’autre part, on avait la sensation qu’il aurait été ignoble de mettre le travail de la police en discussion, vu le contexte et le chaos qui régnait ce jour là.
Mais la police elle-même n’était pas convaincue que ses tactiques ne méritaient aucune critique. Bon nombre de fonctionnaires des escadrons spéciaux présents ce jour là étaient des hommes courageux, scandalisés par le fait que leurs supérieurs les avaient empêchés d’intervenir. Le bureau du shérif du comté de Jefferson s’était senti si vulnérable devant le contexte d’alors, qu’il avait demandé aux membres du département de police malfamé de Los Angeles d’analyser le rapport de police de la Columbine. Ces derniers conclurent que les escadrons spéciaux présents à la Columbine avaient suivi le procédures standards.
En effet, ils l’avaient fait. La « sécurité des agents » est le mantra des tactiques de police. 90% des sorties des escadrons spéciaux sont des irruptions sans préavis dans les maisons de suspectés trafiquants de drogue. Il n’y a aucun motif pour lequel un fonctionnaire de police devrait mourir simplement pour arrêter un revendeur.

 
Il arrive beaucoup moins souvent qu’un escadron spécial doive affronter une situation dans laquelle il y a des otages, comme un braquage à la banque dans lequel le malfaiteur tient en joue les clients.
Toutefois, la situation était différente à la Columbine. On y tuait des mineurs. Malgré cela la règle de la sécurité des agents a prévalu. En bref, les commandants de la police décidèrent que protéger la vie des agents était plus important que de tenter d’arrêter l’assassinat d’un étudiant après l’autre étudiant après l’autre étudiant après l’autre étudiant. En se rendant compte de l’inertie de la police quand les assassins étaient entrain de tenter d’entrer dans la salle près de la cantine, de la même inertie quand les assassins sont ensuite retournés à la bibliothèque où il avaient déjà tué dix étudiants, il semble évident que – indépendamment du nombre d’étudiants tués – la vie d’aucun agent n’aurait été mise en jeu.
Si l’enseignante dans la bibliothèque avait poussé les étudiants hors de l’édifice dans une course effrénée, l’un ou l’autre aurait probablement été touché pendant la fuite. Malgré cela, beaucoup de vies auraient été sauvées parce qu’il est beaucoup plus difficile de toucher une cible en mouvement plutôt que de toucher quelqu’un qui, à une distance rapprochée vous supplie de le laisser en vie. Malheureusement, l’enseignante a attendu comme le lui avait conseills de 50.000 tré l’opérateur de police au téléphone : suivant les procédures appropriées. Les étudiants obéirent aux ordres de l’institutrice. Les assassins ont donc eu le champs libre pendant quarante minutes – qui auraient pu être beaucoup plus s’ils ne s’étaient pas suicidés -  et toucher à mort une personne après l’autre. Pendant ce temps, la police assurait le périmètre.
Il y a eu beaucoup d’affrontements aux armes dans les écoles durant les dernières années mais jamais aucun n’a été interrompu par la police. La police garanti beaucoup de bienfaits à la société mais arrêter le cours d'attaques à l’arme à feu dans une école, ne fait pas partie de cette catégorie. Beaucoup d’hommes courageux portent l’uniforme de la police : que leur faut-il afin que l’un d’eux fasse appel à sa propre rigueur morale pour insister afin que les « procédures » soient ignorées si, Dieu nous en protège, un nouvel affrontement à l’arme à feu dans une école devait se vérifier ?
« À quoi suis-je entrain de penser ? À comment interdire tous les types d’armes à feu », a écrit Molly Ivins tout de suite après le massacre à la Columbine. De toutes les propositions de contrôle des armes discutées après ce tragique évènement, celui là est le seul qui peut-être aurait pu empêcher les homicides.
Il est vrai que les assassins peuvent utiliser beaucoup d’instruments différents pour arriver à leurs fins. Le plus grand carnage de l’histoire américaine dans une école fut perpétré par un membre du comité scolaire local du Michigan en 1927, il employa des explosifs. Les armes utilisées dans tous les homicides récents dans les écoles furent des pistolets. Les assassins de la Columbine avaient disséminés des bombes au propane un peu partout dans l’école. Aucune de celles-ci ne tua quelqu’un même si quelques uns ont été blessé sérieusement par les éclats. Tuer quelqu’un par bombe reste difficile pour un débutant même si on trouve les instructions sur internet. Les pistolets par contre sont faciles à utiliser. Ils permettent même à un lâche de projeter une action potentiellement mortelle. Cette qualité particulière qui rend les pistolets si faciles pour la défense personnelle a aussi permis à un couple de punks de se transformer en auteurs d’un homicide à la Columbine.
On a déduit que, si toutes les armes à feu disparaissaient, les crimes comme le massacre à la Columbine seraient beaucoup moins fréquents. Il est vrai, bien sûr, que les criminels seraient plus libres de commettre n’importe quel genre d’incursions, étant certains que leurs victimes ne pourraient opposer aucune résistance. Ceci est déjà arrivé en Grande Bretagne et en Australie et dans toutes les autres nations qui ont mis la détention d’armes pour l’autodéfense hors la loi et ont séquestré beaucoup (mais pas tous) de pistolets. Mais nous voulons ici nous occuper du comment la police pourrait empêcher une autre Columbine dans un futur et non du problème des armes en général.
Une seconde objection est que l’interdiction des armes porterait gravement atteinte aux libertés civiles et en plus serait inefficace – exactement comme la prohibition de l’alcool dans les années 20 et la prohibition de la drogue aujourd’hui ne réussissent pas à empêcher le marché noir à fournir tout type de bien interdit par la loi. C’est assez vrai. Cette objection se réfère seulement à la réalisation concrète de la proposition et ne contredit pas le fait qu’une interdiction totale des armes auraient pu probablement éviter la Columbine.
Quoique la réduction des libertés civiles puisse pousser au doute les personnes qui apprécient la Constitution, elle n’est pas une objection significative pour les groupes contre les armes. Ils réclament l’interdiction dans tous les cas pour différentes catégories d’armes – les mitraillettes automatiques, les « armes d’assaut » semi-automatiques, pistolets petits et bon marché, ou tous les pistolets, ou les fusils de calibre 50 ou les « fusils de franc-tireur ».
Ils insistent sur le fait que les détenteurs d’armes ne sont pas suffisamment compétents ni ne disposent de la stabilité émotionnelle nécessaire pour utiliser les armes dans un but défensif et qu’ils sont plus souvent voués à tuer ou mutiler les parents plutôt que les criminels : ces groupes donc, ne s’arrêtent pas devant la crainte que l’interdiction des armes donnerait un plus grand pouvoir aux criminels. Au contraire, vu leur confiance dans l’efficacité de la prohibition de certains types d’armes, leur hésitation à demander une prohibition totale est un manque de courage et de sérieux.
Les assassins obtinrent leurs armes grâce à deux « fournisseurs » plusieurs mois avant le massacre à la Columbine. Le premier était un diplômé de la Columbine de vingt deux ans, du nom de Mark Manes (par ironie du sort, fils d’un vieil activiste du Handgun Control, Inc.). Manes avait acheté un pistolet dans un gun show et l’avait donné aux deux assassins (tous deux mineurs à l’époque). La loi du Colorado interdit de donner aux jeunes de moins de 18 ans (à l’exception de certains cas) et Manes purge aujourd’hui sa peine dans une prison. Le deuxième fournisseur était une de leurs copines de classe de 18 ans, Robyn Anderson, qui avait acheté pour les assassins trois pistolets long rifle dans un gun show dans l’aire de Denver en décembre 1998.
Lorsqu’un commerçant vend un pistolet, la loi prévoit que l’achat soit approuvé par l’FBI à travers le National Instant Check System. Manes et Anderson étaient tous deux en règle et pouvaient acheter légalement une arme chez un commerçant d’armes, dans un gun show ou partout ailleurs.
Au Colorado (comme dans la plupart des autres états), quand un privé qui – comme le récite la loi fédérale – ne fait pas de « commerce » d’armes achète des pistolets, le National Check System (NICS) et les contrôles associés, n’ont pas à entrer en jeu. Si un collectionneur d’armes vend un pistolet à son voisin ou loue un étal à un gun show et vend quelques armes à feu durant une fin de semaine, il n’a pas à demander de permis à l’FBI. Manes ainsi que Anderson achetèrent leurs armes chez un collectionneur dans un gun show et ne furent donc pas l’objet des contrôles du NICS – et, s’ils l’avaient été, ils n’auraient eu aucun problème.
Les lois que nous venons de décrire sont les mêmes partout ou l’on cède des armes à feu. Les ventes de la part de commerçants requièrent partout l’approbation du NICS, et les ventes de la part de collectionneurs privés n’en n’ont pas besoin nulle part.
Malgré cela, tout de suite après les homicides à la Columbine, plusieurs groupes contre les armes commencèrent à relâcher des communiqués de presse sur les « échappatoires des gun show ». Ceci est un vrai mensonge, attendu qu’il n’y a aucune « échappatoire » liée aux gun show. La loi dans un gun show est la même que dans n’importe quel autre endroit.
Mark Manes a commis un délit en procurant un pistolet aux jeunes assassins. Il n’a jamais affirmé qu’une autre loi, spécifique aux ventes dans les gun show, l’aurait empêché de le faire.
Que dire de Robyn Anderson ?
Le 4 juin 1999, Good Morning America présenta un programme sur “les enfants et les pistolets”. Mademoiselle Anderson y fut appelée pour une intervention. La première partie du programme débattait sur plusieurs propositions, y compris celle d’introduire des contrôles sur les ventes privées dans les gun show. Dès la première pause, Diane Sawyer présenta Robyn Anderson et lui demanda : «  Quelque chose de ce que vous avez entendu ce matin vous aurait dissuadée d’accompagner et de les aider à obtenir les pistolets ? ». Anderson répondit : « Je suppose que si cela avait été illégal ou si j’avais su que cela l’était, je ne l’aurais pas fait ». Le 26 janvier 2000, Anderson commença à affirmer que même si l’achat avait été légal mais qu’il y ai eu un contrôle sur la transaction elle n’aurait pas acheté les armes.

Quelle que soit la version authentique, les fait démontrent que la Anderson ne se soucia pas de donner son identité quand elle acheta un pistolet pour ses perfides amis. Quand Good Morning America lui demanda si en fin de compte, les deux avaient payé pour les pistolets ou si c’était elle à l’avoir fait, elle répondit : « oui, l’argent était le leur. Tout ce que j’ai fait c’est montrer mon permis de conduire ». (Les collectionneurs privés avaient demandé de voir son permis pour vérifier qu’elle soit bien majeure, même si cela n’entrait pas dans leur devoir).Attendu que la Anderson ne s’était pas inquiétée de donner sa propre identité à trois revendeurs différents, semble-t-il réaliste de croire que de donner sa propre identité pour un contrôle instantané l’en aurait dissuadée ? Les contrôles en vigueur au Colorado ne prévoient pas de tenir un registre sur les acheteurs d’armes, donc, il n’y aurait eu aucune registration permanente de l’achat de la Anderson, même avec un contrôle sur les ventes privées aux gun show. Les affirmations de la Anderson (des affirmations « soufflées », pour ainsi dire), prouvent que seule la prospective d’une registration permanente l’aurait empêchée à accomplir ses actions.
Laissant de côté les histoires changeantes de la Anderson, elle est clairement une personne égocentrique et irresponsable.
Après les assassinats, elle refusa de se présenter à la police et de l’aider dans l’enquête. Il a fallu une révélation anonyme pour la débusquer. À la différence de Mark Manes, la Anderson ne s’est jamais excusée pour son rôle dans les homicides à la Columbine.
Même si l’on accepte, entre les versions des faits fournies par Robyn Anderson, celle la plus favorable au contrôle des armes, aucune mesure sévère n’aurait pu prévenir la Columbine. Le moins jeune des deux assassins aurait très vite pu lui-même acheter légalement le pistolet dans un magasin. Par contre, dans une vidéo réalisée avant les homicides, les assassins disaient que s’ils n’avaient pas obtenu les pistolets de la façon par laquelle ils se les sont procurés, ils les auraient trouvés d’une autre façon. Il n’y a aucun motif de ne pas les croire sur ce point.
La seule loi qui aurait pu avoir un quelconque effet sur Robyn Anderson et d’autres prête nom a été présentée à la législature du Colorado par Don Lee, fervent partisan du second amendement, un parlementaire de l’état dont le district inclut la Columbine. Son Robyn Anderson Bill déclare comme délit l’acte de céder un pistolet à long rifle à un mineur sans le consentement de ses parents. Cette loi sert de contrepoids à la première version de la Anderson, dans laquelle elle prétendait à Good Morning America que le seul effet dissuasif aurait été une loi qui eusse rendu son comportement illégal.
Quelques aient été les autres éventuels mérites des propositions d’imposer des restrictions spéciales aux gun show, elles n’auraient pas pu prévenir la Columbine et c’est un cynisme de la part de ses partisans d’utiliser ce massacre comme prétexte pour les promouvoir.
Le vice président exécutif de la National Rifle Association, Wayne LaPierre, dans son intervention au meeting annuel de la NRA (qui s’est déroulé à Denver peu après le massacre à la Columbine) a affirmé que les écoles américaines devraient être privées de toute arme, comme dans les aéroports.
John Lott, professeur de loi à la Yale University, au contraire, a soutenu avec force que de permettre aux enseignants d’être armés sur leur travail aiderait à prévenir, ou au moins à limiter, les homicides de masse dans les écoles. D’autres petits groupes en faveur des armes ont émis des arguments analogues à ceux de Lott – en remarquant, par exemple, que justement grâce à la décision d’armer les enseignants ou d’autres adultes responsables, Israël a pu interrompre les enlèvements d’étudiants par des terroristes.
Même si la police n’a jamais bloqué aucun massacre dans les écoles, par deux occasion, des citoyens armés l’ont fait.
En 1997 à Pearl, Mississipi, un sataniste de seize ans tua son ex copine et blessa sept autres étudiants dans  l’école supérieure qu’il fréquentait. Alors qu’il s’apprêtait à sortir pour tuer des enfants dans une autre école voisine, le vice président Joel Myrick pris son calibre 45 dans sa voiture, la pointa sur la tête du tueur et le retint jusqu’à l’arrivée de la police, cinq minutes après.
Peu de temps après, à Edinboro, Pensylvanie, un accès de folie prit fin quand un commerçant local, James Strand, utilisa un pistolet pour convaincre le jeune assassin à se rendre. Le garçon avait tué un professeur et deux compagnons de classe.


Les objections contre les encouragements des professeurs à se défendre eux-mêmes et leurs élèves sont faibles. En premier lieu, il y a l’inquiétude que le fait d’avoir des enseignants armés transmettrait le message que de posséder une arme soit une chose bonne et juste. C’est assez vrai, mais la présence de fonctionnaires de police armés dans les écoles transmet le même message. Dans tous les cas, nous pouvons prétendre que les écoles soient en mesure d’expliquer la différence entre un adulte qui fait une chose et un enfant qui fait la même.
Certains opposants de cette proposition craignent que de permettre aux enseignants de porter une arme pourrait causer des accidents. Mais il n’y a jamais eu de croissance des accidents dans les 31 états dans lesquels les adultes sont autorisés à porter des armes défensives dans les lieux publiques. En outre, la crainte des accidents pourrait se traduire par des règles particulièrement strictes sur l’accumulation des armes, l’usage du cran de sécurité et le port caché. Certainement, le fait de continuer à acquitter les péages de morts liés à l’actuelle politique, qui donne la garantie aux tueurs dans les écoles qu’ils ne trouveront aucune résistance, causerait bien plus d’accidents.
Un enseignant du district scolaire du comté de Jefferson (qui inclut la Columbine) a proposé d’armer 10% du personnel scolaire, dans un projet détaillé, de façon que seul le proviseur sache quels enseignants et autres dépendants du genre possèdent des armes. La plupart des enseignants préféreraient ne pas être armés, mais – dès que certains d’autres eux le seraient – les étudiants seraient protégés par des personnes fortement motivées. Personne n’a de motivation plus grande à défendre la vie d’une victime que la victime en personne. À la différence des fonctionnaires de police, qui restent hors des édifices scolaires dans lesquels se déroulent les homicides, les enseignants à l’intérieur de l’école sont en danger et bien déterminés à arrêter un tueur. En outre, la plupart des enseignants éprouvent une grande affection envers les étudiants qui sont confiés à leurs soins.
Curt Lavarello, directeur exécutif de l’Association nationale des fonctionnaires pour les ressources scolaires (dont les membres n’ont jamais arrêté une seule fusillade dans les écoles) conteste cela en disant que la formation des enseignants au maniement des armes coûterait des millions de dollars.
Parfait, enseigner aux enseignants comment empêcher que des professeurs et des étudiants soient tués semble plutôt un bon emploi de ces millions de dollars. En outre, il y a aux Etats-Unis des dizaine de milliers d’instructeurs d’armes qui seraient ravis de former les enseignants gratuitement. Six jours de formation (quelques fin de semaine allongées) donneraient aux enseignants une formation supérieure à celles requises à un fonctionnaire de police dans de nombreux juridictions. On pourrait penser que l’une des principales association de détenteurs d’armes aurait du s’exprimer en faveur de cette proposition, mais ceux-ci ont décidé de ne pas être à la hauteur de leur propre réputation.
Si la Columbine avait vraiment été un problème, cette année aurait été employée à mener des débats passionnés et constructifs sur l’interdiction totale des armes plutôt que sur les pistolets en tant qu’unique garantie de la vie des étudiants. Au contraire, nous avons assisté à un ridicule débat à propos de contrôles « instantanés » de 72 heures sur la vente privée dans les gun show opposé au contrôle de 24 heures. Cette année aurait pu être employée dans l’étude de nouvelles procédures de police en situations similaires à la Columbine, ou de sérieuses mesures d’autodéfense comme par exemple, celle d’armer les enseignants. Mais au contraire, nous avons vu la police poser pour des photos héroïques avec les pistolets des assassins pour le Time, comme s’ils avaient été réquisitionnés au terme d’un affrontement et non ramassés après le suicide des meurtriers.
Ce que la Columbine nous dévoile sur nous même, c’est que l’Amérique, utilisant le terme de l’essai de 1993 de Jeffrey Snider sur le Public Interest, mérite amplement la définition de « une nation de lâches ».
Notez bien : la police, lourdement armée avec des mitraillettes a pensé à se protéger elle-même, plutôt que de libérer les jeunes qui se faisaient tuer un à un a peu de mètres de distance. À l’exception des deux présentateurs de talk show, les médias nationaux et du Colorado ont virtuellement ignoré cette déplorable inaction.
Les groupes hostiles aux armes ont délaissé la seule proposition de leur arsenal qui aurait pu éviter la Columbine.
La plupart des groupes favorables aux armes ont délaissé l’unique proposition de leur arsenal qui aurait pu prévenir la Columbine.
Mais le pire reste à venir : les leaders de ces groupes ne se sont pas tus par lâcheté mais parce que les deux léchaient les pieds aux membres du Congrès qui à leur tour n’avaient pas eu le courage de prendre la Columbine au sérieux. Ces membres du Congrès ont été choisis au cours d’élections libres par le peuple américain, dont ils représentent bien le manque de sérieux. Les groupes favorables et contraire n’ont pas réussi à proposer de mesures sérieuses parce que leurs sondages leurs disaient que la grande partie du public américain n’aurait pas accepté de telles propositions. Ainsi, si en Amérique il y a deux autres personnes au cœur aussi corrompu et à l’âme aussi mauvaise que les deux assassins de la Columbine, vos enfants et les miens courent les mêmes risques qu’ils couraient le jour avant le massacre de Littleton.


Appendice

Ce qu’ils prétendent que nous croyions
             Que plus tu es désarmé, plus tu es à l’abri des criminels ;
           Que le « bas » taux des homicides à Washington, DC, (80,6 chaque 100.000 habitants) est dû au contrôle des armes, tandis que le « haut » taux des homicides à Indianapolis (9 pour chaque 100.000 habitants) est dû à l’absence de contrôle sur les armes ;
           Qu’une arme à feu dans les mains d’un honnête citoyen soit la plus grande menace contre la paix dans le monde, alors qu’il n’y a aucun motif à s’inquiéter des armes atomiques de la Chine, du Pakistan et de la Corée ;
        Qu’une personne normale se transforme en un vil boucher dès qu’elle se trouve en présence d’une arme et qu’elle redevienne normale aussitôt que les armes disparaissent .
          Que c’est tout à fait raisonnable que la loi californienne prévoie au minimum deux ans de prison pour le simple fait de posséder un fusil d’assaut et un minimum de six mois pour avoir violé une femme ;   
     Que les recherches « porte à porte » de drogue soit une terrible violation des droits civils et soit symbole de fascisme mais que la recherche « porte à porte » d’armes soit une solution raisonnable au « problème des armes » ;
           Que la liberté d’expression concerne les journaux, les émetteurs, computers et machines à écrire, mais que l’autodéfense ne soit justifiable que si elle se fait à mains nues ;
           Que le crime en Amérique soit en diminution grâce au contrôle des armes et que la croissance du crime demande un plus vaste contrôle .
      Que les statistiques qui montrent de hauts niveaux d’homicides justifient le contrôle des armes, mais les statistiques qui montrent que les homicides sont en hausse après l’introduction du contrôle ne soient « que des statistiques » ;
           Que les armes sont un moyen d’autodéfense inefficace dans les mains d’un adulte rationnel, mais dans les mains d’un criminel ignorant elle deviennent une menace pour toute la société ;
            Que les armes sont tellement difficiles à utiliser d’une façon correcte qu’une instruction spéciale soit nécessaire et qu’elles sont si simples à utiliser pour faciliter le meurtre de notre prochain ;
        Que les armes causent le crime et sont à l’origine des nombreux homicides de masse aux gun shows ;     
      Que le Massachussets est plus sûr depuis qu’on y a interdit les pistolets, c’est le motif pour lequel Teddy Kennedy sorte accompagné de gardes du corps armés de mitraillettes ;
         Que la plupart des personnes ne sont pas dignes de notre confiance, nous devons donc émaner des lois contre les armes que la plupart des personnes respecteront et nous pouvons êtres sûrs qu’ils le feront ;
       Qu’une femme violée et étouffée avec ses petites culottes soit moralement supérieure à une femme avec un pistolet fumant dans la main devant son violeur mort à ses pieds ;
        Que les policiers et les soldats soient des rebuts de la société, incapables de se trouver un vrai travail, ceci leur donne la grande intelligence morale nécessaire pour empoigner ces instruments compliqués et d’être nos défenseurs.